Viande bovine « Il y a urgence à passer aux travaux pratiques »
La Fédération nationale bovine (FNB) attend beaucoup du projet de loi issu des États-généraux de l’alimentation.
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« Il manque 1 €/kg de carcasse aux prix payés aux éleveurs allaitants pour couvrir leurs coûts de production, constate Bruno Dufayet, le président de la FNB, lors d’une conférence de presse ce 23 janvier 2018 à Paris. Une vache R est payée aux alentours de 3,50 € alors que les charges associées à son élevage sont estimées à 4,50 €. »
Face à ce constat, une seule solution selon la FNB : inverser la logique de construction des prix. « La ligne directrice qui est ressortie des EGA est bonne, maintenant il faut un encadrement solide sur le plan législatif pour accompagner sa mise en œuvre. Au travers du projet de loi qui devrait être présenté la semaine prochaine, nous attendons un engagement fort de l’État. Ce qui signifie ne pas retomber dans les travers de la loi Sapin 2, qui évoquait les problèmes sans les régler. »
Contractualiser
« L’inversion de la logique de construction des prix passe par une augmentation de la contractualisation, estime Bruno Dufayet. Sans cela, je suis inquiet de la simple volonté des acteurs de faire changer les choses. Un contrat c’est un engagement sur le type d’animaux, la quantité, le calendrier des sorties et la fabrication du prix. Il doit se faire sur la base des coûts de production. »
Les contrats en cascade peuvent permettre d’impliquer les distributeurs, en plus de ceux qui achètent les animaux. Dans le plan de la filière bovine, signé par tous les membres d’Interbev (dont la Fédération du commerce et de la distribution), l’objectif est de passer à un minimum de 30 % de contrats à échéance de cinq ans contre 1 à 2 % actuellement.
40 % de label rouge
« Nous avons une volonté de montée en gamme ambitieuse, poursuit Bruno Dufayet. C’est écrit, maintenant, il faut se mettre au travail. Le label rouge n’a pas pour vocation d’être une exception mais de garantir une viande de qualité au consommateur, en instaurant un minimum de maturation, par exemple. Il ne faut pas se tromper, la baisse de consommation s’explique plus par le mécontentement vis-à-vis de la qualité de la viande que par les vidéos de L214. »
Concernant la place de la démarche Éleveur & engagé dans ce contexte, la FNB considère qu’elle a sa raison d’être jusqu’au jour où les objectifs fixés par le plan de filière seront atteints. « Elle pourra ensuite disparaître pour laisser place à ce que l’on aura su bâtir ensemble. »
Incohérences
« Il y a une vraie incohérence entre la logique des EGA et celles des accords de libre-échange, relève le président du syndicat. Nous demandons à l’État français de rectifier le tir. Comment peut-on nous donner un modèle à suivre plus durable et en même temps ouvrir nos portes à des viandes produites dans des conditions très différentes, voire opposées ? »
« Depuis une semaine nous sentons une mise en parallèle, dans les communications de l’État, entre l’ouverture du marché chinois et l’accord avec le Mercosur. C’est une vraie inquiétude. Il ne faudrait pas que l’ouverture prochaine du marché chinois soit une façon d’habiller le Mercosur. »
Valérie ScarlakensPour accéder à l'ensembles nos offres :